lundi 19 février 2018

Compte-rendu du 46e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Samedi 17 février, Sabine, Pierre, et Père Stéphane ont accompagné Moussa, Soro et Soulymane et Umberto.

« À 20 h Sabine, Soro, Moussa et Umberto sont là, vite rejoints par le Père Stéphane. Alors que les autres commencent à prépare la table, je reste dehors avec Umberto pour attendre Souleymane. Umberto me fait parler sur la situation politique et sociale en France, qui l’intéresse. Au moment où je vais fermer les grilles Souleymane apparaît et nous rejoint avec une certaine nonchalance. Pour ma part je pense que l’attente jusqu’à 20 h 30 est justifiée mais qu’après les grilles doivent être fermées, avec vérification ultérieure à 20 h 45…mais cela n’est que mon opinion…
Le dîner, préparé exclusivement par Sabine, est composé d’une soupe verte (cresson, courgettes, pommes de terre), rapidement avalée, d’une lasagne au bœuf très parfumée et d’un gâteau amandes/oranges, garanti sans farine et sans beurre. Comme chaque fois qu’ils sont confrontés à une nouveauté culinaire nos accueillis commencent par refuser, puis par accepter un échantillon et finissent par déguster avec beaucoup d’entrain.
À noter qu’Umberto mange très peu, étant donné, dit-il, qu’il a déjà mangé. Il faudra lui redire que le dîner en commun reste un élément essentiel de l’expérience HV.

L’orchestre, 1943, Raoul Dufy (1877-1953), huile, 51 x 16 cm, 
Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris

Au cours du dîner la conversation reste animée. Pour commencer chacun des accueillants teste son meilleur espagnol avec Umberto qui réagit avec gentillesse. C’est l’occasion de rappeler qu’il ne faut pas dire dans un restaurant espagnol que l’on veut manger du gâteau ni hésiter à demander dans une pharmacie un remède contre la constipation, et ce pour des raisons phonétiques. Umberto nous raconte une anecdote amusante concernant la surprise pour le public espagnol - et le chef d’orchestre russe - au théâtre de musique de Barcelone, de découvrir dans l’orchestre un violoniste noir.

On constate des progrès de compréhension du français par Moussa. Soro nous révèle qu’il n’a jamais été à l’école mais qu’il a appris le français dans des cours du soir de 20 h à 23 h une fois par semaine. On lui conseille d’essayer de lire des Tintins pour enrichir son vocabulaire de manière plaisante. Souleymane est très actif avec son portable mais suit quand même la discussion et intervient de temps à autre.
Conformément à la volonté de supprimer les restes, Sabine repart avec le (petit) reste de lasagne et de soupe, en laissant le (petit) reste de gâteau pour le lendemain.
Après le rangement du dîner (lors duquel Umberto découvre quelques petits signes d’impatience de la part des autres car il ne fait pas comme ils sont habitués à faire) et après les toilettes de tout un chacun, Moussa se couche le premier, Soro et Souleymane remontent pour téléphoner et Umberto reste pour un bout de discussion.
Homme dormant, 1938, Renato Guttuso (1911-1987), huile sur toile,
Milan, galerie d’Art moderne

Ceux d’en bas se couchent à 22 h 15 et ceux d’en haut à 22 h 30.
Nuit sans problème. Souleymane, le premier levé, met en marche le café et tous sont présents au petit déjeuner. Tous sont serviables et de bonne humeur. Il me semble qu’Umberto est de plus en plus accepté par les autres.
Départ à 8 h 30.
À noter qu’il faut acheter un flacon de liquide pour la vaisselle, que deux baguettes sont effectivement suffisantes et, enfin, que deux boîtes en plastique (l’une oblongue avec couvercle bleu) et l’autre en forme de coupe, toutes deux avec couvercle, ont été oubliées. Il faudrait aussi apporter de nouveaux torchons et nettoyer les existants. »