mardi 30 janvier 2018

Compte-rendu du 27e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 29 janvier, Camille, Charles, Yves et Pierre ont accompagné, Moussa, Soro et Soulymane.


Noirs et blancs, Won sou yeol (né en 1949),
encre sur papier, 
collection particulière
« À 20h alors que j’arrive, Nouri est ivre sur le trottoir d’en face. Pierre et Davide négocient une éventuelle réintégration au groupe, implorant une baisse un peu radicale du niveau d’alcoolémie quotidien. 
Olivier n’est pas arrivé ; il n’arrivera pas cette nuit sans prévenir personne ; Damien contacté n’a pas son téléphone ; Davide présent en début de soirée essaie de le trouver dans la gare du nord... en vain !
Les trois noirs Wolof-speaking sont tous là.
Un moment d’angoisse alors que Pierre a laissé les clés à l’abandon et qu’on croit les avoir perdues ; retrouvées, la paix revient dans la fine équipe.
Camille et Charles mettent la dernière touche à leur cuisine appétissante... Pour cette première, ils imploraient indulgence et compréhension , mais nous n’avons qu’enthousiasme et surtout félicitations à transmettre alors que nous sont servis : potage de lentilles , osso-buco assaisonné et spaghetti délicieux, fromages variés et crèmes à la mangue «sénégalaise» ou fruits rouges. Il faut dire que Charles qui a transcrit la recette de l’Osso buco dans le cahier ad hoc m’a demandé avant de quitter les lieux vers 22 h 40 d’ajouter à la recette que cela doit se préparer avec amour, ce que j’ai rajouté comme convenu.

Il y avait trop de pain et il reste une baguette complète. On peut apporter utilement des mandarines, oranges et bananes.
Reaps paisible, dégustation oblige, extinction des feux un peu tardive 23 h. Souleymane avait plein de choses à dire au téléphone.
Au matin réveil à 07 h café, sucre confiture et pain pour moussa à volonté. Enthousiasme car chaque jour est un jour de fête, et en notre monde le soleil luit toujours contrairement aux apparences...

Départ en avance de solo-le-même (entendre Souleymane) et je remets les clé à jean Michel à 8 h 05.
Je ne saurais achever ce compte rendu sans rendre un peu compte des conversations... Trois noirs, en franco Wolof, sans Olivier, nous apprennent par la voix de Souleymane que les noirs sont méchants et qu’ils ne servent pas convenablement les noirs, que la lecture de la loi et l’accueil dans les préfectures n’est pas équivalents à Paris,Versailles, Créteil ou Bobigny et Nanterre, ce que confirme Pierre (du métier!). Toutes catégories de noirs confondues du marron foncé (sic!) au noir ébène, il est fait meilleur accueil aux blancs et à ceux de la même ethnie. Donc que les noirs s’adressent en premier à des blancs, tout ira mieux pour eux ! Suit un grand débat sur le mariage que je résume ainsi : un mariage blanc, même entre noirs, n’est jamais satisfaisant même si on ne veut pas se marier. Il vaut mieux lui préférer un mariage normal. J’ai demandé des éclaircissements demandant ce qu’est un mariage normal et vous laisse avec cette interrogation car je n’ai pas eu de réponse !

3 observations :
1. Il faut apporter du café car il n’en reste qu’un fond
2. Ce soir il aura un tournage de cinéma ce qui va donner lieu à des lumières et du bruits sous les fenêtres de la chapelle jusque tard dans la nuit
3. Des nappes en toile cirée sont désormais disponibles. »

lundi 29 janvier 2018

Compte-rendu du 26e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Dimanche 28 janvier, Sarah, Anne, Alexandre et Benoît ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

Cireur de chaussure à l’harmonica, 
Karl Witkowski (1860-1910),
 huile sur toile, 35,56 x 63,5 cm,
 collection particulière
« Damien a gentiment apporté les clés. Davide et Frédéric attendent Olivier et Soro.
Olivier est fatigué car il a des soucis intestinaux.
La table est joliment dressée quand nous rejoignons Sarah, Alexandre, Benoît, Moussa et Souleymane.
Aucune surprise sur la délicatesse du dîner. ...Soupe au potiron mijotée dans son infusion de citronnelle, curry de patates douces accompagnée de son riz, un bonheur pour enfin craquer sur le crumble croustillant et caramélisé. Nous nous sommes d’ailleurs demandé si le recrutement d’Hiver solidaire n’exigeait pas un certificat de cuisine ou si la louche de générosité communément ajoutée par les cuisiniers n’était pas la clé de cette réussite toujours renouvelée.

La conversation a voyagé sur la théologie, les études pour devenir prêtre, (Benoît est en 3ème année sur un parcours qui durera 7 années), Sarah souhaiterait que les prêches soient l’occasion d’approfondir la connaissance des textes bibliques, Souleymane nous explique quels indices lui permettent de savoir si un travail est fiable, Soro avoue que ses talents de cuisinier sont concentrés sur la préparation du riz, Olivier partage sa recette sur la purée d’ignames dont la culture est commentée par Moussa et Soro.

Vaisselle par Moussa, Soro, Souleymane et les bénévoles, cigarette.
Tisane sur harmonies d’harmonica : Souleymane entame le concert que Benoît poursuit. Enfin Moussa accompagne notre petite valse avec Benoît. L’ambiance est détendue bien qu’Olivier soit contrarié parce qu’il ne retrouve pas la paire de chaussettes qu’il avait laissée dans son sac. Il pense qu’elle lui a été volée. Souleymane intervient comme médiateur.
Nuit très tranquille. Le matin le café a débordé ce qui assombrit l’humeur d’Olivier mais Soro lui dit qu’il n’y a rien à faire quand la panne décide d’être là, elle est là : c’est tout !
Souleymane est très protecteur envers Soro et Moussa qui sont ‘des enfants’.
Bref : Etre attentif aux frictions possibles entre Moussa et Olivier

Intendance :
• Il manque un matelas de sol de bénévole.
• Il y a encore le sac de Nouri.
• Il reste deux paquets de café, 1 demi pot de crème fraîche sur les 2 pots
• Les bananes sont toujours appréciées.
• Il reste du fromage et quelques mandarines
• Penser à apporter du pain pour le matin. »

dimanche 28 janvier 2018

Compte-rendu du 25e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Samedi 27 janvier, Isabelle, Agnès et Laurent ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

Paysage de neige, 1904, Cunot Amiet (1868-1961),
huile sur toile, 235 x 178 cm, 
Paris, musée d’Orsay
« La routine s’installe dans cette saison d’Hiver Solidaire.
Nos amis accueillis arrivent entre 20 h et 20 h 10 et s’installent.
Frédéric et Davide viennent faire un tour bienveillant pour s’assurer que le démarrage de cette soirée se passe bien. Échanges aimables autour du repas.
Le groupe paraît dîner de manière moins éclatée qu’au début du mois, même si Moussa a encore beaucoup de mal à communiquer et doit tout se faire traduire en Wolof et que Souleymane passe l’essentiel de son temps les écouteurs de son téléphone à l’oreille (ce qui ne l’empêche pas de suivre attentivement toutes les conversations).
Nous parlons, entre autres, de la neige, celle que Soro et Moussa ont découvert la première fois en arrivant à Briançon, ou celle foulée par l’adorable fille de deux ans et demi d’Isabelle qui est actuellement en vacances à la montagne et qui pose fièrement sur une photo que fait circuler sa maman.

Au menu : soupe de légumes bien dense et particulièrement appréciée, colombo de cabri dont nos amis se resserviront 1 ou 2 fois, puis fromage et tarte aux pommes.
Après le rituel de la vaisselle, de la cigarette et des appels téléphoniques pour certains, extinction des feux à 22 h 25.

Nuit calme et normale. Le réveil sonne à 8 h (dimanche oblige) mais quasiment tout le monde est déjà réveillé. Rangement des couchages, petit déjeuner, vaisselle et ménage. Tout le monde est prêt à partir à 9 h quand nous croisons notre sacristain qui commence à préparer l’église pour la messe.
Prévoir pour ce soir bananes et crème fraîche épaisse (surtout pour Olivier), café et un peu de pain (maximum 2 à 3 baguettes en fonction des ingrédients du dîner car nos amis accueillis en consomment peu).
Envisager également de couvrir la table d’une toile cirée car les planches ne résisteront sans doute pas à l’humidité jusqu’à la fin de la saison.
Merci à ceux qui ont noté leurs recettes sur le cahier prévu à cet effet et à ceux qui le feront ! »

samedi 27 janvier 2018

Compte-rendu du 24e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul. Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Vendredi 26 janvier, Laurence, Christophe, Jean-Pierre et Grégoire ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

« Arrivée en ordre dispersée, Olivier le dernier vers 20h10. Nouri passe, présente des excuses, en particulier à Soro, et s’en va sans histoire. En présence de Damien et Davide venus nous saluer.
Dîner (tourte à l’agneau, salade de lentille, fromage, tarte au citron) excellent et très apprécié. Ambiance tout aussi bonne. 

Carte linguistique de l’Afrique,
Exposition coloniale de 1931
Milleret B. école américaine,
Paris, musée du quai Branly 
Conversation variée. Tous participent sauf Moussa qui peine en français. Quelques échanges en dialecte local, contenus. On parle un peu foot, de Paris, de sa banlieue, et de l’Afrique: ses cuisines locales, son économie et ses dirigeants dont Souleymane a une piètre opinion - Soro abonde. Une fois parti revenir serait compliqué nous disent-ils.

Quelques allers et venues pendant le dîner, en particulier de Soro et Moussa, par ailleurs très serviables, qui montrent un empressement rare à préparer la vaisselle. Nous les invitons à la mettre en stand-by et à revenir parmi nous.
Vaine tentative de déchaussage de Moussa, repris par Souleymane qui a manifestement une influence positive sur Moussa et Soro.
Au final, tout le monde est bien là pour partager dessert et tisane. Laurence et Christophe nous quittent vers 21h45. Vaisselle et rangement partagés et fluides, puis sorties cigarettes sous le regard de Nouri qui stationne devant la Pointe du groin.
Quelques derniers échanges autour de la table viennent clore une soirée vraiment agréable.

Petit déjeuner du même acabit, après une nuit calme. Olivier, charmant, s’érige spécialiste de la cafetière. Tous contribuent à la remise en ordre des locaux. Départ vers 8h10.
À surveiller: selon Olivier, Moussa se nettoierait à la Javel... Nous lui avons tous dit d’arrêter, que c’était dangereux.
Observations gastronomiques: Olivier se déclare friand de crème fraîche. De façon générale les accueillis apprécient les fruits frais, notamment les bananes, oranges et clémentines.
Il reste du fromage en quantité. Pas besoin d’en rapporter.
Compter 2 baguettes pour le matin, en plus du pain pour le dîner.»

vendredi 26 janvier 2018

Compte-rendu du 23e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Jeudi 25 janvier, Anne, Véronique et François ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

Le fumeur, 1967,
Joos Van Craesbeeck (1605-1660), 
huile sur bois, 32 x 41,5 cm,
Paris, musée du Louvre
« Tout le monde était à l’heure 
Frédéric était là pour rappeler entre autre les rendez vous de chacun.
Un homme qui s’est présenté comme le meilleur ami de Nouri est venu défendre sa cause. Mais Nouri était absent
Nous nous sommes installés. Olivier a mis le couvert pendant que la soupe baptisée ‘barbie’ par sa créatrice et la daube bœuf accompagnée de l’écrasé de pomme de terre réchauffaient.
Un quart de bœuf et un demi champ de pommes de terre ont été littéralement engloutis par les convives qui jubilaient.
Véronique a gagné son pari bocusien haut la main.
Une impasse s’imposait sur le fromage. La salade de fruits frais est très appréciée par Souleymane.
Nous avons parlé des activités de chacun, de cuisine et du fonctionnement des associations, du bénévolat.
Olivier était heureux car il a enfin sa carte CMU.
Soro souhaite rester et a rendez vous à la préfecture.
Moussa a poursuivi ses efforts en français.
Souleymane a retrouvé un ami de Toulouse.

C’était une soirée fort sympathique. Olivier était un peu plus exalté. Il a quitté la table car il voulait fumer. 


La nuit était très calme, déjeuner avec fruits, jus de fruit , soupe, yaourts, pain...
Vaisselle, Javellisation des toilettes...puis nous sommes partis à 8 h 10.
Il manque des sacs poubelle et de l’eau de javel.
Moussa prend un sac poubelle pour emporter la nourriture. Il faudrait peut-être envisager d’apporter des petits sacs en plastique à cet usage. Je reviens dimanche et j’ai un sac en coton que je peux lui donner (peut-être un sac à dos ... à vérifier)
Ils aiment : les bananes, la crème fraîche, les jus de fruits et les yaourts.
Il reste quelques yaourts et du fromage en quantité suffisante car après un repas copieux, l’impasse s’impose. »


Compte-rendu du 22e soir



D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mercredi 24 janvier, Brigitte, Jolanta, Corinne et Damien ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.


Sourire, 1967, 
Pierre Dmitrienko (1925-1974),
estampe, 145 x 195 cm,
Marseille, musée Cantini
« Soirée tranquille sans Nouri exclu après l’incident de la veille. 
Tout le monde est à l’heure, le repas est délicieux, et chacun se ressert de la merveilleuse soupe de courgettes au secret de Boursin de Jola et du plat de poulet-carottes à l’orange-gingembre-cumin selon l’inspiration du moment de Brigitte, accompagné de semoule.
Un peu de fromage puis un gâteau façon pain d’épices aux pommes et aux pruneaux vient clore le repas avec une tisane pour les amateurs.


Les restes de la soupe et du plat sont conservés pour le petit déjeuner du lendemain matin, et nous préparons deux barquettes semoule-poulet pour le repas de midi de Soro et Moussa qui apprécient d’emporter ainsi leur pitance.

Conversation amicale, détendue et un peu décousue où nous saluons les efforts de Moussa pour parler français.

Vaisselle sans encombres, pause cigarette et extinction des feux dans les temps.
La nuit est paisible, les ronfleurs discrets.
Petit-déjeuner, rangement, ménage, départ à l’heure avec le sourire.
Malgré la pluie. »

Compte-rendu du 21e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mardi 23 janvier, Marion, Anna, Davide et Roland ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.


« Que s’est-il passé ? c’est toujours difficile à dire, tant les témoignages humains sont parfois contradictoires. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’ouverture de la porte Nouri est arrivé avec une bouteille, et qu’il a frappé Soro. Il a fallu immobiliser Nouri qui souhaitait continuer son agression, alors que Soro sous le choc restait impassible, mais relativement plein de sang.
Heureusement, il s’avéra que la blessure était bénigne.
Quoiqu’il en soit, Nouri fut déclaré persona non grata.
C’est dans le tumulte qu’arrivèrent nos charmantes bénévoles repas, Marion habituée de HS prit sous sa coupe Anna qui venait pour la première fois (mais pas la dernière m’a-t-elle dit en partant).

Autoportrait à l’oreille bandée, 1889,
Vincent Van Gogh (1853-1890),
huile sur toile, 50 x 60,5 cm, Londres, The Courtauld Gallery
Nettoyage de Soro, contact avec Damien, voilà un début de soirée inhabituel. Avec Davide nous décidons de ressortir pour faire le point avec Nouri pour lui expliquer que notre porte resterait fermé à lui ce soir.
De cette discussion, il en ressort une grande frustration à l’idée que nous accueillons des migrants, qui plus est africains, juste arrivés en France, alors que Nouri et ses copains sont là depuis des années.
C’est donc vers 9h00 que nous intégrons la table, entièrement et exclusivement installé par Olivier qui a profité du temps pour faire en plus un grand ménage du côté « chambre ».

Soro se plaignant de douleur à la tête nous nous décidons à appeler SOS Médecins. Ceux-ci refuse de se déplacer et nous invite à saisir le SAMU ! Finalement ce fut une sage décision, puisqu’en moins de 10 minutes le fourgon de la Caserne de la rue Blanche arrivait. Trois pompiers attentifs firent le check-up de Soro. Ils nous rassuraient mais surtout rassuraient Soro sur son état de santé.
Cela eu pour effet de « réveiller » la soirée. L’excellente soupe de Carottes-miel-gingembre de Marion fut terminé (sauf une part pour Souleyman au petit déjeuner) puis Anna nous livra son riz-lentilles champignons. Cela ne peut s’appeler risotto, comme nous le dit Anna, étudiante italienne en philosophie, qui avait commencé à en disserter avec Davide et Souleyman, au point qu’une nouvelle fois je fus dans l’obligation de demander à ce que l’on parle français à table : l’italien n’étant pas compris par tous !
Pour information, avant d’arriver en France, Souleymane a longtemps vécu en Italie.
Sur ce, le fondant au chocolat de Marion raviva les papilles (sauf Moussa qui n’aime pas le chocolat).
Nos échanges revinrent sur l’Afrique et la traversée de Soro qui à l’origine souhaitait rejoindre l’Algérie, jusqu’à ce qu’il soit « détourné » sur la Libye, et emprisonné contre rançon. Un libyen l’a sorti contre rétribution à ses gardiens, et Soro a travaillé et jardiné dans sa maison. Puis, il a été emmené à Tripoli pour embarquer sur un matelas gonflable. Le moteur fut retiré par les passeurs libyens à l’entrée des eaux internationales et tous les occupants furent sauvé par un bateau français qui les emmena à Naples en 5 jours.
L’histoire est à compléter, 2 migrantes auraient perdu la vie à l’embarquement.
Il était près de 23 h quand nos pompiers firent un bref retour ayant oublié une mallette que nous n’avions pas encore eu le temps de découvrir.
Réveil 7 h sans souci Départ 8 h en présence de Damien.»

Compte-rendu du 20e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 22 janvier, Isabelle, Ingrid, Yves et Arnaud ont accompagné, Olivier,Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.

« Ce lundi soir 22 janvier, Moussa est le premier au rendez-vous, devant les grilles de l’église rue Bossuet.
Olivier, Nouri et Soro attendent en face, devant la Pointe du Groin.
Yves notre référent arrive bientôt, puis Ingrid et Isabelle avec le dîner transporté sur roulettes. Tout le monde se salue et nous entrons, suivis de Souleymane quelques minutes après. Les troupes ont l’air en forme et l’esprit clair.
Chacun installe son matelas, et le couvert est rapidement mis. 
Au menu ce soir : soupe de potiron et autres légumes préparée par Ingrid (il en reste pour le lendemain matin), poulet aux légumes et riz mitonnés par Isabelle (tout le monde en reprend, le plat est terminé), puis clémentines et madeleines. Vous l’aurez certainement compris, le thème du dîner est la couleur orange. 

Route qui tourne, 1906,  André Derain (1880-1954), huile sur toile,
194,9,8 x 129,5 cm, Houston, Museum of Fine Arts
L’ambiance est bonne, entretenue notamment par la bonne humeur d’Ingrid, qui lance un tour de table en invitant chacun à se présenter. Les bénévoles se prêtent au jeu et nous en apprenons un peu plus sur chacun. Côté accueillis, Olivier, volubile, est le seul à se plier vraiment à l’exercice. Nouri ne parle pas spontanément mais répond aimablement aux questions. Souleymane, Soro et Moussa discutent plutôt entre eux mais participent aussi aux conversations de groupe, ils sont notamment surpris par l’âge d’Ingrid (que nous ne révélerons bien sûr pas ici). Souleymane et Soro parlent très bien français, en revanche ce n’est pas le cas de Moussa, avec qui les échanges sont donc plus limités. Nous discutons entre autres des langues d’Afrique de l’Ouest (wolof, bambara), de l’exposition Derain au Centre Pompidou, ou encore de la base nautique des étangs de Cergy.

Yves nous quitte quelques instants, puis nous avons droit à une petite visite du Père Paul et de Frédéric. Nous apprendrons quelques instants plus tard qu’ils étaient à la recherche d’un Hollandais en fugue qui aurait appelé son père en lui indiquant qu’il était enfermé dans l’église. Ce dernier a donc fait le trajet en voiture depuis Rotterdam et s’est présenté ici. Mais pas de trace du fils batave, ni le soir, ni pendant la nuit. C’était sans doute pour faire le lien avec le thème du dîner.
Une petite tension (qui se renouvellera le lendemain au petit-déjeuner) survient entre Nouri et Soro au moment de la vaisselle, le premier semblant agacé par l’excès de zèle du second ou par la répartition des rôles. Mais rien de bien grave, d’une manière générale les tâches ménagères paraissent assez équitablement partagées entre tous.

Après le dîner, Souleymane consulte sur son portable les résultats des matchs de foot des divers championnats européens, les mères montrent des photos de leurs enfants, des conversations bilatérales s’engagent (Soro me raconte notamment sa journée entre Saint-Denis et République ainsi que son périple depuis la Côte d’Ivoire, et me parle de ses capacités en mécanique et de son rendez-vous à la Préfecture le 28 février pour demander l’asile, « mais pas politique » - j’avoue que ce n’est pas tout à fait clair pour moi -). Isabelle et Ingrid nous quittent, plusieurs vont fumer leur cigarette, puis peu après 22h30 Yves annonce l’extinction des feux.
La nuit est calme et tranquille, uniquement rythmée par quelques ronflements. La crypte est bien chauffée, en revanche elle est assez éclairée la nuit par la lumière provenant des fenêtres (je me permets donc de conseiller aux futurs bénévoles nuit de venir munis d’un -ou plusieurs- masque(s) pour les yeux).
Enfin, comme lu dans de précédents compte-rendus, il ne serait probablement pas inutile que certains puissent prendre une douche plus fréquemment. 

Réveil à 7h le lendemain (facile pour tous), rangement des matelas, petit-déjeuner (en termes de quantité, il faut faire 2 cafetières successives), vaisselle puis départ de tout le monde vers 8h05, avec des remerciements chaleureux d’Olivier. »

lundi 22 janvier 2018

Compte-rendu du 19e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Dimanche 21 janvier, Mathilde, Véronique, Aubry et Enguerran ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

Niagara, 1866,  Louis Rémy Mignot (américain,1831-1870), 
huile sur toile, 264,8 x 156,2 cm, 
Brooklyn museum.
« Après la messe de 18 h 30, tour du propriétaire pour ouvrir toutes les portes de notre sanctuaire; il m’a bien fallu 20 minutes ! 
Arrivée perlée des uns et des autres, combat,victorieux, avec Aubry, pour fermer la grille.
Nouri était pas mal aviné, démarche hésitante, élocution itou.
Dîner fameux de Mathilde et Enguerran : soupe de légumes (base potimarron), aubergines et poivrons farcis + ‘graines’, du boulgour je crois, fromage et délicieuse tarte à l’orange.
Discussions sur la cuisine, les professions des bénévoles ; Olivier parle de ses 2 enfants, qu’il voit régulièrement. Souleymane, Moussa et Soro parlent dans une langue africaine que nous ne connaissons pas mais sans volonté de leur part de s’exclure. Cela ne me gêne pas vraiment, qui ne ferait pas ainsi dans leur situation ?
Vaisselle à grande eau, le parquet en a profité ; rangements effectués à peu près par tous.
Remarques :
Nouri hier soir était un peu agressif avec ‘les Africains’; ceux-ci ont eu la sagesse de ne pas répliquer mais ça pourrait dégénérer un jour; à jeun, ce matin, aucun problème.
Moussa a un rendez-vous à la Préfecture de Versailles le 28 février pour déposer sa demande d’asile; ce serait bien qu’une personne l’accompagne.
Niagara Falls, dans le point d’eau; j’ai pensé qu’une personne avait renversé une voire deux bassines.... En fait, la toiture est vraiment très endommagée et lorsqu’il pleut, un vrai torrent descend les escaliers.
Réserve : il reste du fromage; ne pas en apporter trop car Souleymane, Moussa et Soro (SMS donc) n’en mangent pas.
J’ai trouvé que le groupe était sympathique (même si Nouri a pu être un peu pénible hier soir), qu’Olivier, un peu speed parfois est très gentil et que Souleymane, Soro et Moussa sont très ‘connectés’, attentifs et coopératifs; un ‘profil’ bien différent de celui des gens de la rue que nous avons hébergés les années passées.
Et cela m’a fait vraiment plaisir de découvrir Mathilde, Engueran et Aubry, tous les trois très sympathiques et jeunes ; un souffle vivifiant pour tous. Merci à eux de leur engagement à Hiver Solidaire. »

dimanche 21 janvier 2018

Compte-rendu du 18e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Samedi 20 janvier, Muriel, Anne-Marie, Pascal et Bernard ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

Le vitrail, 1904,  Odilon Redon (1840-1916), 
pastel, 68 x 87 cm, Paris, musée d’Orsay
« Le dîner et la nuit se sont très bien passés, pas de tension entre nos invités. Il semble que ces tensions se soient calmées.

Encore une fois le dîner a été très bien préparé et très bio avec des produits sains.
Les convives ont bien apprécié et se sont plusieurs fois resservis.

Moussa, semble assez fatigué et un peu perdu, il paraît assez fragile.

Nouri arrive assez aviné mais il se tient bien pendant la soirée et la nuit.

Juste un problème Olivier pris de zèle pour ouvrir la fenêtre a cassé le carreau (vitrail).

Un dîner et une soirée calme.»

samedi 20 janvier 2018

Compte-rendu du 17e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Vendredi 19 janvier, Ingrid, les jeunes de l'aumonerie Rocroy, Nathalie et Jean-Baptiste ont accompagné, Olivier, Moussa, Soro et Soulymane.

Transubstantiation, Henrique Oliveira,
Collège des Bernardins,2013
« Soirée très spéciale : dixième anniversaire d’Hiver Solidaire oblige.
Rendez-vous à 19h au métro Poissonnière : arrivée des bénévoles (les bénévoles inscrits ainsi que Laurent ) puis de Soulymane, Soro, Philippe ( qui était présent l’année dernière).
Ni olivier , ni Nouri ni Moussa n’étaient au rendez-vous .
Retrouvailles sur place avec Michel (accueilli il y a deux ans qui était en pleine forme et que nous étions bien contents de retrouver).
Damien qui était allé chercher Alain et Bertrand nous ont rejoints.

Toute la troupe s’installe dans le Collège des Bernardins pour écouter des témoignages, de bons moments émouvants : avec le chanteur Vianney sans prestation musicale, des accueillis, des bénévoles, des responsables d’associations et beaucoup d’autres qui partagent leur expérience ou expliquent les origines de la démarche d’Hiver Solidaire.
Apparait enfin le gâteau, plutôt la brioche, surmontée de ses dix bougies à souffler.
Après l’effort d’écoute, la récompense avec les agapes d’un magnifique buffet et boisson (comme l’a précisé Damien jus, coca et eau à volonté ) ; il nous a semblé y avoir énormément de monde rassemblé pour fêter ce moment si fraternel.
Retour en métro et nous avons la joie de retrouver Olivier et Moussa devant l’entrée de l’église, toujours pas de Nouri.

Installation pour la nuit et grâce à Ingrid qui avait acheté des bananes et de la soupe,petite collation avant la nuit. Cette dernière fut un peu courte (coucher 23h00) et le même, si le réveil fut plutôt facile, le rythme s’est ralenti au fil des minutes .
Olivier était heureux d’avoir récupéré sa montre. Départ aux alentours de 8h10 sous la pluie .

Infos pratiques : les fromages ne semblent plus très frais ni appétissants, prévoir peut être du fromage frais et trouver une solution pour ceux qui restent dans le frigo .
La cafetière est un peu capricieuse : c’est la période des soldes, peut-on envisager d’en trouver une plus fonctionnelle à moindre prix ?»

Compte-rendu du 16e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Jeudi 18 janvier, Sabine, Géraldine, Thibault et Davide ont accompagné, Olivier, Nouri, Soro et Soulymane.

Étude de deux mains gauches jointes,
Andrea del Sarto (1486-1531),
sanguine, 155 x 95 cm,
Paris, musée du Louvre
« Arrivée au compte goutte entre 20h et 20h30, suite aux événements des derniers jours, il a été décidé de commencer par un séance de médiation. Soulymane s’explique longuement sur les raisons des tensions, Olivier ajoute qu’il a sur-réagit en raison de son manque de sommeil lié aux ronflements - il faudrait lui apporter des boules quies pour les nuits suivantes. Tout se finit bien : Soulymane et Olivier se serrent la main.
Les règles suivantes ont été rappelées: arrivée à l’heure: 20h00 et non 20h05, si possible 5 minutes en avance ; participation aux tâches de vie commune: couvert, service, vaisselle ; ne pas apporter de nourriture de l’extérieur - Olivier avait rapporté du foi gras, nous lui rappelons qu’il n’a pas à rapporter de nourriture ; ne pas arriver alcooliser - commentaire adressé à Nouri qui comprends très bien et indique qu’il fera attention - règles d’hygiène : propreté générale et lavage des mains.
Les accueillis ont été invités à l’anniversaire des 10 ans d’HS ce soir aux Bernardins, le rdv pour un départ commun est à 19h au métro Poissonnière. Soro, Soulymane, Nouri et Olivier ont manifesté leur souhait de venir. Pour les accueillis qui ne viendraient pas, ils seront attendus pour la nuit à partir de 22h15 à l’église.
Moussa ne s’est pas présenté. Il s’est vraisemblablement perdu et n’a pas de téléphone pour le joindre.
Participation très active des accueillis pendant toute la soirée (couvert, service, vaisselle), dîner dans une ambiance détendue et très agréable - sans aucune tension.
Au menu: soupe cuisinée par Sabine très appréciée (elle sera terminée au petit déjeuner par Nouri Soro et Soulymane), puis poulet mariné accompagné de riz (préparé par Géraldine et son mari), fromage, dessert glace à la vanille (très très appréciée par les accueillis) et compote de pomme.
Dodo 22h45.
Levé sans problème vers 7h, rangement, vaisselle, départ 8h05.
Pas besoin de fromage + rapporter de boules quies pour Olivier.»

Compte-rendu du 15e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Mercredi 17 janvier, Caroline, Bruno, Pierre et Henri ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.

Le Radeau de la Méduse,1819,
Théodore Géricault (1791-1824), 
huile sur toile, 716 x 491 cm,
Paris, musée du Louvre
« Nos accueillis arrivent au compte-gouttes et un peu trop au fil de l’eau : Moussa était le seul à l’heure ! Il faudrait à mon sens rappeler aux accueillis l’importance de la ponctualité par respect des autres et en particulier des responsables du repas qui apportent généralement des plats chauds qu’il n’est pas toujours facile de faire réchauffer avec les moyens du bord. 
Nous avons finalement commencé nos préparatifs dînatoires vers 20 h 20 ; nous attendions Soulymane qui, dans les faits, avait prévenu Soro qu’il arriverait tard (voir pas du tout) du fait d’un rendez-vous.... Soulymane est finalement arrivé au moment du dessert vers 22 h 00. 

Caroline et Bruno, nos hôtes cuisiniers avaient préparé un excellent tajine d’agneau qui a été apprécié de tous et deux tartes : aux pommes d’une part et poires /chocolat, d’autre part, absolument délicieuses. (...)
Pour terminer les commentaires sur la nourriture, Olivier avait apporté en sus, un paquet de carpaccio, un avocat...nourriture qu’il avait probablement récupéré de son magasin de proximité où il doit avoir ses entrées. Il était manifestement fier de pouvoir apporter ainsi de cette façon sa pierre à Hiver Solidaire, ce qui, on le verra ci-après n’est pas du goût de tout le monde... (...)
Pour moi qui ne connaissait pas encore Olivier et Soulymane, j’ai été surpris par la bonne ambiance qui régnait au début de la soirée. Olivier était charmant, communiquant, serviable et actif à la bonne préparation du repas.
Répondant à nos interrogations pendant le repas, Olivier a pu nous parler un peu de son histoire (...)
Mais le repas a été assez décousu du fait de l’attente de Soulymane (problématique d’aller régulièrement voir s’il n’attendait pas dehors devant la grille d’entrée que nous maintenions fermée pour éviter l’arrivée d’intrus comme récemment). Soulymane est finalement arrivé vers 22 h , de fort belle humeur et nous avons alors pu partager le dessert avec lui. Bon moment de notre soirée d’hier, Soro nous a raconté son incroyable périple depuis Dakar à Paris en passant par le Désert du Niger et de Libye, la traversée de la Méditerranée sur un radeau de fortune avec des passeurs, son arrivée à Naples, puis son périple pédestre entre Turin et Montegenèvre / Briançon avec de longues marches dans la neige, pour finalement arriver en France. 

Le problème relationnel entre Olivier et les autres (et en particulier les trois africains ) a ressurgit pendant le dîner avant l’arrivée de Soulymane. (...)
Nous incitons les bénévoles HS à faire en sorte que le repas soit bien géré par eux et non par les accueillis, pris en commun, et ne soit pas le prétexte à des repas «trop perso» en fonction de ce qui se trouve dans le réfrigérateur. Enfin, règle importante à mon sens, faire en sorte que le travail d’intendance (vaisselle et nettoyage) soit bien pris en charge et partagé par tous (bénévoles et accueillis) une fois seulement que le repas est bien terminé (....).
Coucher vers 22 h 45, nuit sans problèmes majeurs en dehors de quelques ronflements habituels et quelques paroles un peu vindicatives de la part d’Olivier au cours de la nuit vis-à-vis de Nouri qui était son voisin ronfleur (...)
Lever 7 h , petit déjeuner électrique avec Olivier, nous expliquant qu’il était en pire forme que la veille car il n’avait pas dormi à cause des autres et rapidement la situation a dégénéré entrer Olivier et Soulymane, nous obligeant à nous interposer avant qu’ils n’en viennent aux mains .
(...) les notions de respect d’une communauté à l’autre sont différentes.
En conclusion, la situation reste complexe du fait peut-être qu’il n’y a qu’un seul français contre quatre «étrangers» ? Olivier semble prêt à quitter HS, faute de capacité à s’adapter.... Il nous semble qu’il faille une dernière mise au point avec chacun et qu’il soit nécessaire de trancher si les choses ne rentrent pas dans l’ordre rapidement après cette mise au point.»

mercredi 17 janvier 2018

Compte-rendu du 14e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.
Mardi 16 janvier, Sabine, Barbara, Roland et Emmanuel ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.

Construction de la tour de Babel,
Pieter Brueghel, le Vieux (1528-1569),
Vienne, Kunsthistorisches Museum
« 20 h 00 Moussa suivi de Nouri sont là. Mathilde apporte 6 litres de lait et rappelle qu’il est nécessaire de l’aviser des manquants (Suivez le groupe HS sur WhatsApp).
Le reste de la troupe arrive rapidement, y compris Damien qui souhaite rappeler les directives à tous.
C’est l’occasion pour Emmanuel et moi de rencontrer Omar, celui dont on parle mais que peu d’entre nous connaissent. Malheureusement, il apparait bien vite qu’il s’agit d’un homonyme, migrant, à la recherche d’un gîte et d’un couvert pour la nuit, qui a profité de la porte ouverte et des arrivées désordonnées. Que faire ? Grave décision que de lui expliquer que nous n’étions pas en capacité de l’accueillir. Décision difficile à accepter quand la nuit et la pluie sont là, même avec l’adresse des Captifs dans la poche. Ce fut un crève-cœur de fermer la porte derrière lui après qu’il accepta de nous quitter.
Damien réuni le groupe pour expliquer notre décision, et pour rappeler que Vendredi soir le rendez-vous était à 19 h 00 au métro Poissonnière pour participer à la soirée des 10 ans d'Hiver Solidaire au Collège des Bernardins.

Sur ce, le repas pu se dérouler, avec des échanges parfois tendus, avec deux règles : « on ne mange pas sans chaussures », et « on parle français » (ce qui est difficile pour Moussa), afin que tous puissent participer et surtout se comprendre.
Velouté de potimarron et sa pointe de céleri par Barbara, ragoût d’agneau avec son riz pour Sabine, salade d’oranges à la cannelle et au gingembre et financiers par nos deux cuisinières. Comme toujours un régal apprécié de tous, jusqu’au petit déjeuner du lendemain matin.
Vaisselle par Olivier, Nouri Moussa et Soro, cigarettes, derniers appels téléphoniques avec l’Afrique et extinction des lumières.
Réveil à 6 h 00 pour Soro qui a un rendez-vous à Aubervilliers, 7 h 00 pour les autres, café, vaisselle, javellisation, aération et retour vers le monde de la rue.
»

mardi 16 janvier 2018

Compte-rendu du 13e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.

Lundi 15 janvier, Thomas, Pierre, Yves et Damien ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Soulymane.


Main et interrupteur, 1938,
Gaston Karquel (1906-1971),
épreuve gélatino-argentique,
Paris, Centre Pompidou -
Musée national d’art moderne -
Centre de création industrielle
« Vers 19 h 55, je rencontre Soulymane qui part vers le 11e arr. de Paris à la recherche de Soro et Moussa qui ne possèdent pas complètement la langue, comme vous savez, et sont un peu perdus. Les téléphones portables aidant, belle invention, ils se retrouveront un peu au-delà de la gare de l’Est et rejoindront la compagnie vers 20 h 40.
Pendant ce temps les autres, Olivier et Damien finissent par convaincre Nouri de quitter ses amis du trottoir et d’abandonner ses bières, ce qu’il finit par faire... Il est éméché et tente de reprendre pied. Chacun accommode sa couche, Olivier prête main forte à nos cuisiniers Thomas et Pierre qui découvrent l’ambiance.
On se met à table vers 21 h et le potage aux brocolis ?, en tout cas vert et délicieux, le hachis Parmentier, dont nombreux sont ceux qui y reviennent, accompagné de salade assaisonnée, les fromages variés, le crumble et le flan font les délices savoureux de chacun... pendant que Nouri ou plutôt Nordinne, dessaoule et que Damien essaie de tempérer ses douleurs abdominales...
Les conversations sont conduites par Thomas et Pierre qui interrogent un peu chacun sur sa vie... On y apprend la jeunesse d’Olivier, 48 ans et la vie de son fils et de sa fille déjà de plus de vingt ans ; On ne sait pas mélanger les langues. Le Wolof, le berbère et l’arabe ne font pas bon ménage.
L’arrivée d’ Izabelle qui connaît Briançon et sa présence riante, enjouée et ravissante fait qu’elle accapare le dialogue, nous instruisant de son prochain One Woman Show qui commence Samedi prochain et durera jusque fin Mars. Elle sait le Wolof et est Maya ( c’est son nommée famille, ça ne s’invente pas !) ; elle vient prendre le pouls des Briançonnais et rend compte des ses impressions à Damien.

Vaisselle et coucher vers 22 h45, Moussa éteint tout en enclenchant la manette «générale» ce qui interrompt la charge des téléphones et coupe le frigidaire... qu’on se le dise, il faut manœuvrer les boutons de chaque lumière sans couper tout !!
Au matin 7 h 00 outre la déconvenue du téléphone, il y a un peu de tirage entre Olivier et le restant de la troupe, car on lui reproche de ne pas faire la vaisselle. Il est victime de maladie de peau des mains.
Il est prêt à faire la vaisselle et Damien lui offrira des gants pour qu’il puisse s’exécuter ; A priori tout va s’arranger.
Fermeture des lieux à 8 h 10 et retour dans l’atmosphère humide du jour, non sans avoir rendu grâce à l’initiative d’Olivier pour ce nouveau jour qui commence. »

lundi 15 janvier 2018

Compte-rendu du 12e soir

 D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Dimanche 14 janvier, Sarah, Tancrède et François ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Souleymane.




Corbeille de bananes, Pierre Bonnard (1867-1947), 
huile sur toile, 64 x 60 cm,
New-York (NY), The Metropolitan Museum of Art

« C’était ma première soirée et nuit avec cette nouvelle équipe, que je trouve d’un style bien différent cette année. Pour le dire vite, les accueillis me semblent plus migrants que SDF. 
Vu les amis appuyés sur la cheminée du Groin, j’ai commencé à fermer la grille très lentement à 20 h sonnantes : Nouri est arrivé avant la fermeture, et je lui ai proposé de donner son reste de canette à un autre (Mustapha) si il voulait rentrer...
Omar ne s’est pas présenté.
Sarah et Olivier nous ont préparé un dîner dont on a beaucoup apprécié la soupe (pois, menthe, ...) et les pâtes sauce bolognaise.
L’équipe s’est un peu délitée ensuite, sans prendre le fromage, et quasiment seulement Olivier et les bénévoles ont pris du délicieux crumble, pendant que les autres voulaient commencer la vaisselle !
J’ai dû faire une mise au point assez nette sur le service : en gros que chacun rende service de bon cœur, sans se plaindre de ce qu’un autre en ferait moins... et que si ce genre de dissension devait perdurer, les bénévoles feraient avec plaisir tout le service eux mêmes !
Les échanges en Wolof limitent un peu la cohésion.
Moussa s’est écarté plusieurs fois de la table, a peu mangé. Il devait aller ce matin à Lariboisière, (où il est déjà allé), pour ce que je comprends être des problèmes de digestion et vomissements. Je l’ai laissé avec le ticket N° 207.
Quelques souhaits d’approvisionnement :
Olivier aime les bananes (il en avait amené) et la crème fraiche le matin.
Souleymane et les autres ont mangé des bananes mais disent préférer des clémentines.
Certains aiment les yaourts aux fruits (sucrés), d’autres les préfèrent nature.
Il semble qu’il faille approvisionner du lait.

Bref un groupe bien divers, qui va devoir apprendre à vivre ensemble...»

Compte-rendu du 11e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Samedi 13 janvier, Catherine, Jean-François, Bernard et Pascal ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Souleymane.



Désert de Libye, Léon Adolphe Auguste Belly (1827-1871)
Paris, musée du quai Branly - Jacques Chirac
« Nous avons fait connaissance mutuellement avec les accueillis, entre 20 h et 20  h 30 ce qui nous a permis d’échanger entre nous devant l’entrée sur le côté de l’église. Un contact agréable entre tous.
Nous avons préparé la pièce pour le dîner concocté par Catherine et François.
Dîner fameux, on rivalise avec les meilleures tables de Paris. C’est de la grande cuisine.
Durant les conversations au cours du dîner, nous avons essayé de savoir quel avait été le chemin et leur périple pour arriver en France. Il semble que le passage en Libye est une grande épreuve. Ils nous ont dis que ceux qui sont de langue anglaise souhaitent rejoindre l’Angleterre. En revanche ceux de langue française souhaitent rester en France.
Une prudence : il faut faire attention à ce que le groupe ne se divise pas trop car Olivier semble avoir quelques difficultés d’intégration, les autres lui reprochant son manque d’implication collective pour la vaisselle.
À part ce point de vigilance, c’est un groupe très agréable et qui semble présenter du potentiel pour s’en sortir.
Extinction des feux très rapidement, ils semblent assez fatigués.»

samedi 13 janvier 2018

Compte-rendu du 10e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Vendredi 12 janvier, Géraldine, Antonine, Yves et Laurent ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Souleymane.

Aéroport Roissy-Charles de Gaulle Aérogare 2F,
1990, Paul Andreu (né en 1938), architecte,
Paris, Centre Pompidou,
Musée national d’art moderne
« Le double «i» d’Yves et de Didier, les rimes en «ine» de Géraldine et d’Antonine sont heureux de vous souhaiter un bon week-end ou une bonne «dominique» comme disent les académiciens !
À huit heures j’ai reçu les clés de Damien qui est venu pour un petit briefing avec Davide et la très charmante (Damien dixit, ce que je confirme!) assistante sociale Antonine
Pendant que l’on prenait contact avec Omar qui n’est pas venu finalement pour intoxication alcoolique semble-t-il, et que j’attendais Olivier un peu en retard, les autres, Nouri, Souleymane Soro et Moussa ont entendu les consignes renouvelées de Damien et pris contact avec l’assistante sociale pour envisager les améliorations de leur existence, au moins administrative.
20 h 45, nous passons à table...
Une fois n’est pas coutume, pardonnez moi, mais force est de dire que les lentilles «pourries» et le riz colle chinois (selon son auteur), les restes de fromages et bien entendu la galette de saison, ont fait le bonheur de nos hôtes tandis que nous parlions aéroports internationaux, familles nombreuses et autres froidure de la journée.
En fait, il faut entendre des lentilles en voie de germination, orangées je crois, qui, en potage, avec oignons et tomates et curry ont ravi nos palais... Comme quoi on peut présenter différemment les choses, et grâces soient rendues au mari de Géraldine qui ferait mieux la cuisine qu’elle. Le chef Didier demande la recette pour son futur recueil ; puis du riz frit aux crevettes savamment assaisonné par Didier, qui cuisine aussi mieux que son épouse, nous a comblé de bonheur.
Bref ce fut très bon !

Tout s’est très bien passé, nuit calme, paisible. Réveil 7 h 00, bon petit déjeuner avec les restes de galette. Départ à 8 h 10 et j’ai remis les clés à Jean Michel, notre sacristain préféré.
De l’air pur, des yaourts, de la bonne humeur, des bananes et des clémentines, une bonne intelligence pour ne pas confondre les éponges des WC avec celles de la cuisine, du pain, des sacs poubelle et pourquoi pas un instrument de musique...seront bienvenus. »

vendredi 12 janvier 2018

Compte-rendu du 9e soir

D'un jour à l'autre, d'un bénévole à l'autre le lien se tisse avec les personnes de la rue accueillies dans le cadre d'Hiver solidaire à Saint-Vincent-de-Paul.
Le compte-rendu du matin, comme un passage de relais, témoigne chaque jour de ces moments partagés.


Jeudi 11 janvier, Corinne, Aude et Édouard ont accompagné, Olivier, Nouri, Moussa, Soro et Souleymane.


La cafetière,1951, André Dropsy
(1922-2010),
huile sur toile, 45 x 65 cm,
Paris, Centre Pompidou
« Tout le monde est là à l’heure devant la porte de l’église encore ouverte le jeudi soir pour le temps d’adoration.
Nous descendons à la crypte où chacun s’installe rapidement : on voit que les habitudes sont prises, même pour les nouveaux venus, et que les territoires sont définis. La table est mise, les carafes sont remplies : les accueillis connaissent déjà bien la maison.
Le repas réconfortant est apprécié de tous - au menu : potage d’automne, gratin de coquillettes au poulet et aux champignons aux saveurs d’enfance très réussi, délicieux financiers aux framboises et au chocolat, fruits et laitages.
Tout le monde s’affaire à la vaisselle dans un ballet bien réglé. Les fumeurs fument, les parleurs parlent, et après le passage du père Quinson, les dormeurs dorment. D’après Édouard, les ronfleurs ronflent.
Réveil en bon ordre entre 7 h et 7 h 10, petit déjeuner copieux et varié. Le plat était généreux, il en est resté pour le petit déjeuner pour le plus grand plaisir de Soro et Moussa, ainsi que de la soupe appréciée par Souleymane et Soro. Il n’y a pas de beurre pour les tartines - en prévoir une plaquette ? La cafetière électrique fait un caprice, le filtre se crève, le porte-filtre se bouche à mi-parcours, et nous découvrons alors que le plus doux des hommes, s’il lui manque son café, peut devenir rapidement un ours très grognon. Nous avons nettoyé, débouché, décrassé le porte-filtre et les orifices, j’espère que tout ira bien demain.
Vaisselle, nettoyage des matelas, balayage, nettoyage des toilettes, rangement des bancs pour la messe de ce matin, portes fermées vers 8 h 05 et clés remises à Jean-Michel.
Soro et Moussa sont partis avec la liste, fournie par Aude - qu’elle en soit remerciée! - des lieux et horaires des bus de la solidarité où ils pourront trouver un conseil et une aide gratuits pour leur démarches, ainsi qu’avec un plan et les adresses de la soupe de l’église de la Trinité pour le repas de midi et celle des Captifs pour la douche, repérés sur un plan. Moussa qui a mal au côté depuis son départ n’est pas allé à l’hôpital finalement : il craint d’y être gardé et de ne pas pouvoir faire ses démarches s’il devait être opéré. »