samedi 2 janvier 2016

Au seuil d'Hiver solidaire 2016 !

L'esprit solidaire en Hiver.
La Charité, Raphaël (1483-1520), Étude,

Pierre noire et rehaut blanc sur papier,

23,1 x 16,1 cm, musée du Louvre
Il y a sept ans, les paroisses de Paris ont commencé à offrir un hébergement à des personnes vivant dans la rue, souvent connues des paroissiens… 
Changer notre regard, sortir des personnes de l’isolement, créer des liens, s’enrichir mutuellement.
Plus qu’un service, Hiver Solidaire est un lien, un lieu de rencontres et l’occasion d’une expérience humaine et spirituelle en vivant l’Évangile. Hiver Solidaire fonctionne sur 30 paroisses parisiennes qui accueillent 120 personnes sans abri et mobilisent plus de 1500 bénévoles, dont 100 à St Vincent de Paul.

Dans le cadre de cette opération Hiver Solidaire en paroisse, et pour la 5e année à Saint-Vincent-de-Paul, nous accueillons, dès lundi 4 janvier5 personnes sans abri.
Jusqu'au 21 mars, chaque soir, deux bénévoles dormiront avec les personnes accueillies et un ou deux autres bénévoles prépareront le dîner et l’apporteront pour le partager avec l’équipe à la chapelle de la maison des jeunes, 12 rue Bossuet, de 20 h à 8 h du matin.


Au mois de mars 2015, Augustin Lecoutour, un bénévole d'Hiver solidaire nous avait fait le présent d'un texte profond et bouleversant dont voici un extrait :
Alain
«Je vous propose une définition large de la générosité. La générosité au sens étroit, c’est le fait de donner. Mais la générosité au sens large, c’est d’abord le fait d’aimer la vie et de ne pas baisser les yeux devant, et surtout pas devant le visage de l’autre. Le fait de regarder son prochain dans les yeux pour tenir son cœur prêt à le considérer. Le contraire de la générosité en ce sens, ce serait une sorte de timidité.
Pour m’expliquer, je me permets de faire un petit détour par le philosophe Emmanuel Levinas, qui dit bien les choses. On dit que l’enfer c’est les autres, mais Levinas au contraire, nous dit que le regard de l’autre est une « épiphanie »qui nous apporte beaucoup à nous-même, qui nous révèle quelque chose de l’homme que nous ne pourrions trouver seulement en nous-même, qui nous permet d’arriver au sentiment de la morale, et peut-être à Dieu. « Le visage, écrit-il, s’impose à moi sans que je puisse cesser d’être responsable de sa misère”.
Michel
Dans son incarnation d’homme, le Christ nous offre son visage à regarder, et il plonge ses yeux dans les nôtres. Il nous dit de considérer à travers la sienne, notre condition et celle de nos frères. Peut-être notre devoir de chrétien est-il donc de considérer d’abord autrui en le regardant.
Avant d’être théorique c’est pratique, si on pense à la façon que nous avons si souvent de détourner les yeux, dans la rue, du « gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas ». Nous ne sommes pas généreux et nous ne sommes pas chrétiens, lorsque, dans le métro ou dans la rue, sous le couvert de la délicatesse, nous faisons flotter notre regard à hauteur des chevilles et nous évitons les uns les autres.
Hiver solidaire, ce n’est pas beaucoup plus. C’est un petit cadre qui nous permet d’être vraiment des hommes les uns envers les autres : pourquoi ne pas nous asseoir à la même table et lever les yeux sur ceux qui tout simplement sont là ?
Patrick
C’est vraiment l’inspiration de Fr. Ozanam et des conférences de St Vincent de Paul de ne pas se projeter dans une action de charité lointaine et hors de tout contact, mais de regarder d’abord ce qui se passe au coin de la rue et de faire ce que l’on peut, où l’on se trouve, avec ceux qui s’y trouvent aussi.
Nous avons besoin de vous, Saïd, Alain, Michel, Patrick, et Alain et Franzy, pour être des personnes, et n’être pas à côté les uns des autres comme le sont des atomes.»

En ce début d'année 2016, nous, bénévoles d'Hiver solidaire aurons besoin de ChristianAbdelThierryJean Loup et Alain. Et vous qui lisez ces lignes, peut-être aussi !


Photographies d'Alain, Michel et Patrick © Damien Peyret